HOME

OUMAR BALL
SUE BEJARANO
AMINA BENBOUCHTA
THÉODORE DIOUF
JEEWI LEE
MISCHA SANDERS & PHILIPP PUTZER
PATRICK-JOËL TATCHEDA YONKEU
IBRAHIMA THIAM
EMMANUEL TUSSORE

23 FÉVRIER - 13 AVRIL 2023
OH GALLERY, ESPACE #1, DAKAR

PRÉSENTATION

« Parfois on attribue trop d’importance à l’environnement inanimé.
Toutefois, on doit étudier ce fait avec subtilité dans la mesure où un espace en apparence inanimé peut être aménagé par une personne animée.
Dans ce cas, il devient une prolongation de cette personne. » 

Heinz Kohut (1)

Home traduit une sensation particulière et pourtant si bien connue, celle de passer le seuil d’une porte d’entrée, de s’y sentir entouré et d’appartenir, en une seconde à peine, à un environnement familier et rassurant.

En naviguant entre les pièces d’Emmanuel Tussore, d’Oumar Ball, Patrick-Joël Tatcheda Yonkeu, mais aussi celles de Sue Bejarano, de Amina Benbouchta de Jeewi Lee, Ibrahima Thiam, Théodore Diouf et sans oublier la présence du duo d’artistes Mischa Sanders et Philipp Putzer, OH Gallery réunit plusieurs artistes autour d’une thématique commune : celle de l’habitat, de ce que nous considérons comme notre point départ, un refuge : notre maison.

Ils essaient, chacun à leur manière, de poser une définition poétique sur cette sensation de chez soi, en questionnant la matérialité même de la maison, de sa part d’intimité et des possibilités d’étendre cette sensation à l’extérieur de soi-même.

Les formes plastiques y sont diverses, mais elles réunissent des traits, des images et objets dont l’aspect affectif envahit l'entièreté de l’espace d’exposition.

La maison est d’abord l’endroit où se jouent de nombreuses scènes intimes qui nous composent, comme les fêtes de famille, les naissances et anniversaires. C’est un endroit où les souvenirs se conservent par la matière et la disposition de l’espace, un lieu de transmission intergénérationnel qui permet de se souvenir de ce que nous étions. Place maîtresse de l’enfance, les souvenirs en deviennent des éléments situés dans l’espace et le temps. Notre présence en son sein pose ainsi un constat sur notre parcours de vie. En réalité, la maison, dans nos esprits, ne correspond pas à l’image d’un simple abri : c’est un véritable cocon, gardienne de l’enfance. Elle incarne le passé et se doit de restituer la mémoire de plusieurs générations.

Elle pose, à demi-voix, la question de l’origine des racines et celle du déracinement. La maison semble être l’endroit même de ce que l’on pourrait nommer nos racines primaires, y revenir permettrait un retour psychique à notre existence dans sa forme la plus authentique et la plus simple.


L’entité de la maison peut également apparaître comme une seconde peau, quand notre corps devient, lui-même, une maison. 

Quand un chez soi finit par devenir trop étroit, que nous finissons par en connaître les moindres recoins, s’opère alors cette fusion entre notre corps et l’endroit où nous vivons. La maison devient alors gardienne de nos mouvements, marquée par la répétition des gestes et de leurs maladresses. Elle apparaît comme une seconde peau étant elle aussi amenée à vieillir, à se transformer : Le toit s'affaisse avec les années, les murs se craquent. 

Et si le seul endroit sécurisant qui me protège venait à disparaître ? Que me resterait-il ? 

En supprimant tous les ancrages réels au monde, si aucune manière d’être, d'apparaître par le biais de l’appartenance ne résiste sur un territoire fixe et familié, notre corps et nos perceptions deviennent alors elles-mêmes refuges, nous poussons continuellement vers le monde extérieur.


NOTES

  1. H. Kohut, Los seminarios de Heinz Kohut : sobre la psicología del sí-mismo y psicoterapia con adolescentes y adultos jóvenes (1987), sous la direction de Miriam Elson, Buenos Aires, Paidós, trad. esp.,1990, p. 74-75. Traduction française d’Alberto Eiguer.

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