CRIS DE MER ET DU DÉSERT

HAKO HANKSON
08 FÉVRIER - 19 AVRIL 2025
OH GALLERY, DAKAR

La galerie est heureuse de présenter l’exposition monographique Cris de mer et du désert  consacrée à l’artiste Hako Hanson ainsi qu’un programme de rencontres autour de l’exposition qui se tiendra du 08 février au 19 avril 2025.

Cris de mer et du désert s’inscrit dans une dynamique de résonances et de continuités au sein de la pratique engagée de Hako Hankson. Elle prolonge des réflexions débutées à la fin des années 1980, amorcées tout au long de sa carrière et présentées notamment lors de l’exposition Sur le chemin des réfugiés à la Biennale de Dakar en 2022. Cette exploration s’est poursuivie avec la project room Mémoire d’horloge, présentée en 2023 dans le cadre du Partcours, et se prolongera prochainement à travers une proposition monographique à Cape Town Art Fair, du 20 au 23 février.

L’exposition rassemble un corpus d’œuvres varié issu de différentes périodes mêlant dessins et peintures. Ce dialogue entre les supports permet d’approfondir la compréhension des enjeux abordés par l’artiste, tout en offrant une lecture sensible de sa démarche. En revisitant ses archives et en intégrant des éléments documentaires, Hako Hankson compose un espace où l’histoire se superpose au présent, invitant le spectateur à une réflexion sur la persistance des fractures sociales et géopolitiques corrélée à une pensée panafricaine.

En écho à une actualité marquée par des crises et tensions, Cris de mer et du désert explore des territoires marqués par les migrations et les déplacements contraints. Elle témoigne de la capacité à faire émerger des voix souvent réduites au silence, à créer des ponts entre les géographies et les temporalités, à interroger la complexité des identités en mouvement.

AVANT PROPOS

PRÉSENTATION

d’après le texte de Jean Marie Afana

L’ampleur des déplacements forcés de populations dans le monde constitue une crise sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. La fin de la rivalité Est-Ouest dans le cadre de la  Guerre froide avait fait naître au début des années 1990 de nombreux espoirs. Cependant les mouvements terroristes, principal dénominateur de toutes les assises internationales, continentales, sous-régionales et nationales (Manga, 2021), se sont posés en obstacle aux États-Unis, au Proche et Moyen-Orient, en Europe et en Afrique subsaharienne. Les États africains, engagés alors dans des processus de modernisation de leurs gouvernances, ont été impactés par une violence polysémique ralentissant les efforts de développement, de sociabilité, d’éducation, de santé et de vivre-ensemble.

Le Cameroun est aujourd’hui l’un des principaux pays d’accueil de réfugiés en Afrique centrale. Cela s’explique notamment par la mise en place d’un dispositif législatif pour encadrer la protection des réfugiés. La loi n°2005/06 du 27 juillet 2005 garantit notamment le principe du non-refoulement, l’accès à un statut juridique et des droits fondamentaux. Cependant, en pratique, l’application de ces mesures reste limitée par un manque de ressources et une pression démographique accrue sur les infrastructures locales.

En raison des conflits armés et des crises politiques dans la région, plus de 2 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, tandis que des centaines de milliers de réfugiés venus du Nigeria et de la République centrafricaine ont trouvé refuge sur son sol (OCHA, 2024). Les causes de ces déplacements sont multiples. Il y a tout d’abord la crise sécuritaire au Nord du Cameroun (région limitrophe au Tchad), liée aux attaques de la Seleka, des anti-balaka et de Boko Haram, qui pousse de nombreuses familles à fuir vers des zones plus sûres. Ensuite il y a le conflit séparatiste dans les régions anglophones que l’on appelle Nord-Ouest et du Sud-Ouest (limitrophes au Nigeria), qui oppose les forces gouvernementales aux groupes indépendantistes, et génère un nombre croissant de déplacés internes. Enfin la guerre civile en République centrafricaine a forcé des dizaines de milliers de personnes à franchir la frontière camerounaise en quête de sécurité.

Ces mouvements massifs de populations ont mis sous pression les régions d’accueil, notamment l’Extrême-Nord, l’Adamaoua, et l’Est, qui figurent parmi les plus pauvres du pays. Cette pression est appuyée par l’inaction d’un régime en place et indélogeable depuis plus de quatre décennies. Loin d'atténuer les tensions et les souffrances des populations, le gouvernement a souvent agi de manière à exacerber les problématiques dans les régions en conflit, forçant certains groupes à fuir vers d'autres zones du pays, et contribuant à la naissance de situations d'apatridie, où des individus se retrouvent privés de toute nationalité et protection.

En conclusion, les déplacements massifs de populations au Cameroun illustrent l'ampleur d'une crise régionale qui dépasse les frontières nationales. Les causes multiples, qu'il s'agisse des attaques terroristes, du conflit séparatiste ou de la guerre civile en République centrafricaine, ont généré des flux migratoires complexes et incessants, modifiant en profondeur les structures sociales et économiques des régions touchées. Alors que le pays fait face à un afflux de réfugiés et de déplacés internes, la pression sur les infrastructures et les ressources locales s'intensifie. Cette situation met en lumière la fragilité des réponses nationales face à des phénomènes mondiaux de plus en plus inévitables, et la nécessité d'une approche régionale et internationale renforcée pour contenir et atténuer les effets de ces déplacements.

évènements


C O N V E R S A T I O N

- R E N C O N T R E -

Rencontre avec l’artiste le
samedi 08 février 2025 à 16h

Captation vidéo de la rencontre disponible ultérieurement.

O H L I B R A R Y

- L A B I B L I O T H È Q U E N O M A D -

La rencontre avec La Bibliothèque Nomad autour de l’exposition aura lieu

le samedi 22 février 2025 de 15h à 18h.

Informations

PROJECTION

- C E N T R E Y E N N E N G A -

La dernière projection autour de l’exposition en collaboration avec le Centre Yennenga aura lieu le

jeudi 17 avril 2025 à 19h

Informations à venir

M É D I A T I O N

- L E S E L D A K A R -

A travers ses collaborations avec Le Sel Dakar, la galerie est heureuse de proposer deux ateliers qui se dérouleront le 01 et 08 mars 2025 à la galerie.

Informations et inscription

A C T U A L I T É S

- N O R V A L S O V E R E I G N A R T P R I Z E -

Hako Hankson est sélectionné pour le Norval Sovereign African Art Prize. Son travail sera présenté du 4 février au 20 avril 2025 à la Fondation Norval au Cap, en Afrique du Sud.

Informations

PROJECTION

- C E N T R E Y E N N E N G A -

La première projection autour de l’exposition en collaboration avec le Centre Yennenga aura lieu le

jeudi 13 février 2025 à 19h

Film projetté : Cameroun, autopsie d’une indépendance de Gaëlle Le Roy

Informations

A C T U A L I T É S

- C A P T O W N A R T F A I R -

La galerie est heureuse de présenter du 20 au 23 février 2025 un solo show de Hako Hankson à Investec Cape Town Art Fair en Afrique du Sud.

Informations

PROJECTION

- C E N T R E Y E N N E N G A -

La seconde projection autour de l’exposition en collaboration avec le Centre Yennenga aura lieu le

jeudi 27 mars 2025 à 19h

Film projeté : Sirène de Emmanuel Tussore

Informations à venir

CONVERSATION

- P A N E L -

jeudi 10 avril 2025 à 18h

Informations à venir

ARCHIVES


© OH GALLERY, février 2025

Hako hankson

Texte de François Nbebou Ntab
Octobre 2024

(…) Lors de sa résidence au Sénégal en September 2024, Hako Hankson s'est distingué par la création des œuvres puissantes et évocatrices qui abordent des thématiques des réfugiés, des apatrides et de l'apartheid en plus d'autres sujets sociaux et géopolitiques. En effet, ces thématiques sont particulièrement pertinentes dans le contexte actuel, ou les injustices subsistent sous différentes formes. Par exemple, "Tandis que de plus en plus de citoyens tentent de se faire entendre, les Etats répondent en réprimant les libertés fondamentales, souvent au nom de la protection de l'ordre public ou de la lutte contre le terrorisme". Ou encore, d'après le UNHCR Global Trends Report de 2022, à travers le monde, plus de quatre millions quatre cent mille (4.400.000) personnes sont apatrides ou de nationalité indéterminée et l'Afrique de l'Ouest est fortement touchée par ce phénomène". "Aujourd'hui, l'apartheid est aboli en Afrique du Sud, mais le crime d'apartheid, tel que défini en droit international, peut être commis dans d'autres parties du monde, dans divers contextes [...] Les actes spécifiques commis dans ce contexte et qualifiés de crimes d'apartheid vont d'actes ouvertement violents, comme les blessures graves, le meurtre, le viol et la torture, à des transferts forcés de population, des détentions administratives, la privation de droits et de libertés fondamentaux et le déni du droit de participer à la vie politique, sociale, économique et culturelle du pays.

Ces crimes, commis dans une impunité quasi-totale, ont pour but de maintenir la domination d'un groupe racial (tel que défini par la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale) sur un autre**

Ainsi, Noman Al Hothaifff n'a-t-il raison d'affirmer que : « La discrimination et les pratiques raciales doivent être clairement érigées en infractions dans la législation nationale, sinon l'Etat de droit restera hors de portée dans mon pays ». Si certaines personnes utilisent la plume pour s'exprimer, Hankson de son côté se sert de sa peinture pour l'extérioriser.

Depuis son enfance, Hako est bien enraciné dans la culture traditionnelle de l'ouest du Cameroun et il a grandi au moment où toute l'Afrique demandée la libération de l'Afrique du Sud de l'apartheid. D'un père sculpteur et fière de sa culture bamiléké, les masques, les statuettes, les danses et autres rites nourrissent ses travaux. À travers sa peinture, Hako explore les conséquences de l'injustice, de la discrimination et de l'exclusion sociale, tout en célébrant la résilience et la richesse de l'identité africaine, en particulier camerounais. Il est l'architecte d'un avenir pacifique qui bâti les fondations de la compréhension du dialogue et de la réconciliation (….) 

à propos de l’auteur


François Nbebou NTAB est historien de formation et un professionnel du patrimoine culturel, titulaire d’un Master en Développement option gestion du patrimoine culturel à l’Université Senghor à Alexandrie (Égypte).

François possède une expérience professionnelle de plusieurs années dans le secteur culturel, ayant travaillé sur divers projets liés à la préservation du patrimoine culturel et à la promotion des arts. Ses recherches sont souvent orientées vers les questions de sauvegarde et de promotion du patrimoine culturel, matériel et immatériel.

Il a travaillé dans des structures telles que le Musée des Civilisations Noires, la Direction du patrimoine culturel et OH GALLERY. Son parcours l’a amené à collaborer avec des artistes, des organisations et des communautés locales, ce qui lui a permis de comprendre l'importance de la culture comme levier de développement. Dans ce monde en pleine mutation, il est convaincu que l'acculturation constitue une crise identitaire et que l’avenir appartient à ceux qui sauront conserver et valoriser leur patrimoine culturel. Il est particulièrement intéressé par les dynamiques de collaboration entre les différents acteurs culturels et considère que chaque voix compte pour cette mission.

Depuis peu, François a rejoint les équipes de l’UNESCO à Dakar et occupe le poste d'Assistant de projets au secteur culture.

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La résidence de d’artiste effectué par Hako Hankson a Dakar s’est déroulée en septembre 2024. Images réalisées par Morel Donou.
Les images de l’atelier de l’artiste à Douala, au Cameroun ont été réalisées en juillet/août 2021 par Zachary Ngongue et Océane Harati.

ATELIER & RÉSIDENCE D’ARTISTE


À PROPOS


HAKO HANKSON

Né en 1968 à Bafang, dans l’Ouest du Cameroun, Hako Hankson est le fils d’un notable responsable des objets rituels. C’est son père qui lui transmet sa connaissance et qu’il parvient à impressionner en réalisant ses premières sculptures en kaolin. Installé à Douala depuis la fin des années 1980, Hako Hankson est propulsé dans un environnement cosmopolite et prend goût à ce qu’il nomme « le désordre chaotique du quotidien ». Sa peinture et ses dessins s’inspirent alors des scènes de rue, et il se hisse rapidement au rang de conteur urbain, avec justesse et humour. 

Appartenant à une génération de plasticiens autodidactes à une époque où le Cameroun ne possède pas encore d’écoles des beaux-arts, il fait preuve d’ingéniosité et de patience pour façonner son univers plastique. La qualité de son travail est remarquée et il expose alors ses premières toiles dans un tout nouveau centre d’art, Doual’art, créé en 1991 par Marilyn Douala Bell et Didier Schaub, lieu novateur de soutien aux artistes. Dans les années 1990, Hako Hankson acquiert une certaine notoriété au Cameroun, ce qui lui permet de vivre de sa pratique, mais aussi de se confronter à de plus grands formats et d’expérimenter d’autres médiums, notamment la sculpture. 

Panafricain et libre penseur, Hako Hankson cite volontiers les grandes figures indépendantistes – Thomas Sankara, Ahmed Sekou Touré, Kwame Nkrumah – et se nourrit de la pensée de Cheikh Anta Diop, adhérant à une vision afrocentriste qui attribue une place primordiale aux cultures subsahariennes et encourage les solidarités sur le continent. 

Le travail de Hako Hankson a présenté de nombreuses expositions personnelles en Suisse, en Italie ou encore au Maroc. Au Sénégal on pense plus récemment à Mémoire d’horloge, OH GALLERY à Dakar en 2023 en écho à son exposition monographique Sur le chemin des réfugiés en 2022. Au Cameroun, l’exposition Traces du passé et poussières de cendre dans l’Espace Doual'art marque un tournant dans sa pratique. 

En 2024, il participe la Biennale de Venise pour le Pavillon du Cameroun,  il a également présent à la 15e édition de la Biennale de Dakar avec le projet spécial du IN, A new dimension, an immersive FNT expériencede Something Art Space ; d’autres expositions collectives comme L’Afrique rend hommage à Zulu Mbaye au Musée Théodore Monod au Sénégal en 2023,  sa sélection dans le IN de la Biennale de Dakar en 2022 ; Cameroun une vision contemporaine  par The World Bank Act 5 à Yaoundé au Cameroun en 2015.

Les œuvres de Hako Hankson figurent dans plusieurs collections comme la collection Leridon, la Fondation H, la Banque Mondiale du Cameroun et la Fondation Donwahi ou encore la Collection Benetton.

Plus d’informations

© Zachary Ngongue

JEAN MARIE AFAnA

Né en 1989, Jean Marie Afana est un chercheur et travailleur humanitaire camerounais. Son parcours académique et professionnel témoigne d’un engagement pour les questions sociales, migratoires et de développement international.

Ayant poursuivi ses études dans plusieurs pays – le Cameroun, la France, la Hongrie et la Roumanie – il détient quatre Masters dans des disciplines complémentaires : Anthropologie sociale et culturelle, Relations internationales, Études européennes et Migrations internationales. Cette formation pluridisciplinaire lui a permis d’acquérir une expertise sur les dynamiques migratoires, les politiques publiques et les enjeux géopolitiques contemporains.

Jean Marie Afana a travaillé avec plusieurs organisations internationales de premier plan. En 2017, il a collaboré avec l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en tant que travailleur associé, avant de rejoindre la Banque mondiale en 2022. Il a également effectué un stage à l’IRFAM (Institut de Recherche, Formation et Action sur les Migrations), où il a approfondi ses recherches sur les mobilités humaines et les diasporas.

En parallèle de ses activités de terrain, il s’est distingué comme auteur de publications scientifiques. Ses travaux, publiés sur diverses plateformes académiques, ont reçu une large reconnaissance, cumulant plus de 2 500 citations à l’échelle internationale selon Academia.edu.