VRAOM
Volume Ruins And Organic Materials
Mischa Sanders & Philipp Putzer
28 FÉVRIER - 21 MARS 2021
EXPOSITIONS
présentation
Les chemins empruntés par Philipp et Mischa se sont croisés. Aujourd'hui, les deux jeunes artistes parcourent les rues de Berlin en côtoyant la vision minimaliste des pays d'Europe du Nord où l'austérité et l'humilité mènent souvent à de grandes expérimentations. Assoiffés d'inspiration, leur attention se porte sur des formes et des images vestiges du passé ; un large spectre qui va de l’architecture soviétique rigide aux arbres fossilisés.
C'est ainsi qu’avec une vision qui frappe directement la sensibilité personnelle d’autrui, leur recherche artistique a débuté. Le point culminant étant l'exposition sculpturale "VRAOM" qui présente les travaux les plus récents du duo.
Pour réaliser ces sculptures singulières, le processus a débuté par un examen photographique du sujet qui a attiré leur attention et inspiré la production ; un lieu captivant du monde qui les a poussés à interroger l’attraction qu’ils éprouvaient. Pour Mischa, le sujet est souvent d'origine naturelle alors que Philipp est plus attiré par des formes industrielles, manufacturées, comme celle d’un casque de moto. Cependant par moment, le premier sujet d’intérêt des artistes présente délibérément une combinaison de ces deux domaines.
La série de sculptures de Philipp, Project T, a en effet été inspirée par une station-service située en Europe de l'Est datant des années 70, dont les imposants piliers rappellent une sorte de légume. La conception soviétique de cette station d'essence est l'opposé de l’architecture de la station de métro Liberté de Paris. Pour résumer : il s'agit d'un coulage de béton qui revêt des apparences organiques comme des vagues. Et c’est ici que Philipp a trouvé une inspiration humoristique pour ses sculptures issues du fait que cette station, dans sa grisaille stricte et sévère, échouait à évoquer des formes végétales.
Le Projet T - ici en dialogue avec les œuvres de Mischa - est une série de sculptures de grande envergure en forme de T qui ressemblent à quelque chose entre des tulipes et des tubes. Réalisées à partir d’argile de leur ancienne école et en fibre de verre de haute technologie, les sculptures jouent également avec le public en résistant à une évaluation facile de leur provenance et de leur fonction. Les œuvres ont été construites en trois parties grâce à un coulage de béton à durcissement rapide sur une base d'argile tendre préalablement fabriquée. L'ensemble est maintenu par un renforcement en fibre de carbone qui, contrairement au fer, offre une plus grande flexibilité, permettant à Philipp d’être maître de ses mouvements en suivant les courbes que l'argile permet.
L’aspect physique joue un rôle crucial dans les processus de Philipp et Mischa. Travailler ces quantités de matériaux solides est extrêmement exigeant, qui plus est dans dimensions massives. D’où les traces de fabrication laissées visibles sur la surface du béton rayé qui sont les conséquentes de ce travail et la preuve de l'effort physique. Avant de s’attaquer à ces dimensions monumentales, les deux artistes ont réalisé une série de modèles miniatures dans un matériau souple et malléable qui, l’un après l’autre, les amènent à découvrir la forme finale à sculpter. Sur cette pratique, Philipp déclare : "Nous modelons le matériau jusqu'à ce qu'il prenne sa propre direction... jusqu'à ce qu'il se transforme en quelque chose qui lui est propre".
L'utilisation d'une esthétique monumentale, monochrome gris est également fortement liée à une notion post-apocalyptique du paysage que les sculptures de Philipp et Mischa visent à mettre en scène. En effet, le caractère colossal de l'œuvre évoquent les générations futures qui seront face, un jour, à une Pompéi de béton faite des restes de notre contemporanéité. Désormais, nous sommes invités à déambuler entre ces reliques comme si nous marchions dans un labyrinthe de ruines atomiques cimentées par des années et des années de décadence et de tempêtes de sable, de cendres.
L'œuvre de Mischa appartient à ce parc à la fois atomique et archéologique. Ses créations rappellent, en effet, une colonne antique grecque, un monolithe, un totem et d'autres objets archaïques. Hautes de deux mètres, les sculptures sont composées de trois parties complémentaires mais séparables, construites et positionnées les unes sur les autres. Mischa part de la technique traditionnelle utilisée par les céramistes pour créer un moule en argile qui contient la base intérieure de la sculpture. Ensuite, avant de couler le béton, elle remplit le centre du moule avec un tube en plastique pour produire un vide circulaire au cœur de celui-ci. Ce n'est qu’après qu'elle coule le béton entre l'argile et le tube. Et seulement à la fin Mischa peint la partie inférieure des colonnes à la chaux blanche. L’artiste a été influencée par la façon dont la chaux est utilisée au Maroc pour peindre les maisons et protéger les arbres.
Selon ses propres termes, : "Ses sculptures parlent du désir et de la détermination de la matière à trouver une forme très personnelle. Elles parlent aussi du courage de fixer un grand volume".
Les œuvres exposées sont également fortement influencées par l'expérience du duo en Afrique. Philipp et Mischa ont beaucoup voyagé ensemble à travers les villes d'Afrique de l'Ouest, y compris Dakar - où ils ont eu leur premier contact avec OH GALLERY- étant donné qu’ils ont tous deux participé à une résidence d'artiste à Abidjan. Ils se sont retrouvés plongés dans un urbanisme chaotique qui s'est développé à grande vitesse, sans réel système d'urbanisme ni système centralisé. Une auto-organisation de l'espace public parfois extrêmement dysfonctionnelle mais que le dynamisme et l'autonomie rendent pourtant fascinante. Face à cet environnement qu'ils n'avaient jamais vu auparavant, le rapport des deux artistes avec la Matière a radicalement changé.
Leur travail devait aborder des questions contemporaines telles que la multitude de constructions à moitié abandonnées, laissées inachevées à Dakar et les fragments de béton brut qui en résultent et qui font de la ville un tumulte fragmenté et disharmonieux. Dans le même temps, leur utilisation du matériau a été stimulée par le développement libre et sans contrainte de cette ville. Étant donné que Dakar a trouvé sa configuration librement, presque en improvisant, leurs sculptures ont dû faire de même pour trouver leur forme ; une forme constituée à travers un processus de découverte inattendu et décousu.
VRAOM est un son industriel provenant d'une usine sidérurgique. C'est un mot-son qui, comme les affiches futuristes, joue avec la qualité onomatopéique du langage. Les sculptures du duo empruntent également aux jeux de mots. Par exemple, les sculptures T de Philipp, qui ne sont ni des tubes ni des tulipes, sont de la neige, au même titre que les couvertures de Joseph Beuys (Snowfal, 1965)l ; des couvertures dont Philipp parle en ces termes :
"Elles sont le contraire de la neige, et pourtant elles sont exactement de la neige. Elles jouent avec la matière d'une manière poétique qui les transforme en neige".
Philipp et Mischa étudient la signification de la matière à travers leurs travaux en allant dans la même direction. Ils abordent la question de la sculpture individuellement mais trouvent, ensemble, que la réponse réside dans la liberté multidirectionnelle de la forme. Leurs œuvres - réalisées en réutilisant des techniques et des savoir-faire anciens mis dans le contexte de l'art contemporain - rappellent les constructions urbaines tout en présentant des caractéristiques primitives et naturelles à travers leurs surfaces. En tant que telles, leurs œuvres se situent entre les vestiges architecturaux d'un monde perdu et les fossiles d'une matière organique.
PRESS DOSSIER (EN)
ARTISTES
ŒUVRES DE L’EXPOSITION
Dimensions : H x L x l
Les œuvres sont localisées à Dresde, en Allemagne. Pour toute demande, nous vous faisons parvenir une cotation pour une livraison en Europe ou dans le reste du monde
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