INVESTEC CAPE TOWN ART FAIR
AMINA BENBOUCHTA
17-19 Février 2023
Le cap, Afrique du sud
MAIN SECTION
BOOTH A2
NEMO : Personne, aucun, Contraction de ne hemo (« pas un homme »).
C’est par cette racine latine qu'Amina Benbouchta construit de nouvelles narrations universelles et affectives. Sans nommer le héros des aventures qu’elle choisit de relater, l’artiste invite les inconnus qui déambulent à incarner les signes qu’elle laisse flotter dans l’espace. C'est d'ailleurs par la répétition de motifs qu'une atmosphère se construit : les notes de rouges et d'ocre viennent s'essouffler au bord de notes, d'archives et de symboles qui s’inscrivent dans un ensemble.
Par sa pratique polymorphe, Amina Benbouchta met en exergue la complexité de nos sociétés contemporaines et la simplicité d'un retour aux sources. Elle donne vie à son langage par le biais d'images, s'attachant à rendre visible ce qui échappe au réel. Et c’est dans cet ensemble qu’émerge la figure du sous-marin et par sa présence, tant aérienne que profonde, qui vient se mêler au réel à différentes échelles, s’insérant dans une continuité des narrations déjà créées par l’artiste.
Par sa forme arrondi et son intérieur invisible, son existence invite à la curiosité et à l’imaginaire, imposant, par son passage une immersion poétique : une plongée en soi, dans l’inconnu, qui s’exprime au travers du ralentissement et d’un mouvement lent.
Par l'appellation NEMO, L’artiste convoque la longue silhouette du capitaine du Nautilus qui habite les pages des romans de Jules Verne et part à l’exploration du monde. Les contes et légendes du passé se superposent dans une polyphonie de récit autour de l’inventeur, de l’aventurier. Mais les références y sont sans fin : elles traversent de nombreuses civilisations, murmurant les mots d’Ulysse face au Cyclope Polyphème jusqu'aux pensées de Jonas recueilli dans le ventre d’une baleine.
“La mer est le vaste réservoir de la nature. C'est par la mer que le globe a pour ainsi dire commencé, et qui sait s'il ne finira pas par elle ! Là est la suprême tranquillité. La mer n'appartient pas aux despotes. À sa surface, ils peuvent encore exercer des droits iniques, s'y battre, s'y dévorer, y transporter toutes les horreurs terrestres. Mais à trente pieds au-dessous de son niveau, leur pouvoir cesse, leur influence s'éteint, leur puissance disparaît (...)”
L’essence même de l’exposition se tourne alors vers un besoin d’aventure, créant du lien entre les vestiges de l’euphorie de la découverte passée, qui entoure notre période contemporaine, et celui que l’humain nourrit aujourd’hui, malgré de nombreuses avancées scientifiques et culturelles. Malgré les siècles écoulés, le monde marin et la fascination qu’il suscite ne se sont jamais éteints : ce sont des espaces synonymes d’inconnu et d’infini.
Le monde marin symbolise, à de nombreux égards, la mère du monde. Amina Benbouchta apporte dans ses œuvres une profonde réflexion sur cette mère insaisissable. Par la convocation du sous-marin, mais aussi par la présence consciente du Mythe de Jonas au centre du ventre d’une baleine. Cette posture In utero, protégé du monde, appelle à une nouvelle écoute de l’environnement. Par cette posture l’artiste s’inscrit dans la continuité de ses recherches, où les thématiques de la mère et de l’enfant constituent un réel fil rouge dans sa pratique artistique. Les corps y flottent dans un lieu clos, parcourant la Grande Mer, niché au creux des entrailles d’une forme phallique qui les guide.
Les yeux d’enfant semblent pourtant en percer la carapace, alliant une fascination pour la sexualité de leurs parents, la découverte du masculin, du féminin et de toutes les règles sociales qui les entourent. Ces yeux innocents posés sur le monde deviennent ceux de l’artiste deviennent le meilleur outil pour porter une réflexion basée sur le dialogue entre l'être humain et son environnement.
Cette sensation d’inconnu, que la main artistique ne cesse de raviver, place l’artiste comme une découvreuse du monde, Amina BenBouchta, par ses narrations inscrites dans l’inconscient collectif couve l’espace d’innocence situé, qui brouille les lignes du temps et des civilisations.
CAPE TOWN ART FAIR (FR/EN)
DP 2023 (FR/EN)
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