la meute

Les bestiaires sont si proches de l’humanité, de ses vices et de sa beauté, que leur comparaison est souvent évidente. La flore et le règne animal sont les réceptacles de nos peurs, de nos légendes depuis bien des siècles. Oumar Ball, Aliou Diack et Patrick-Joël Tatcheda-Yonkeu investissent les hauteurs du hall avec leurs rêves, leurs enfances et surtout leurs chimères.

En levant les yeux, nous y découvrons des oiseaux suspendus, nichés ici et là, dans quelques recoins bien gardés, accompagnés de leurs ombres mouvantes. De métal et de fer, aux contours incertains et figés dans un mouvement de vie, ces créatures sont nées des mains du sculpteur Oumar Ball. 

Métaphore de libertés et d’âmes fantasmées, les silhouettes des volatiles entre en écho avec le cycle de la nature travaillé par Patrick Joel Tatcheda Yonkeu. De ses encres et d’une technique élaborée au fil des ans, le plasticien dresse une réflexion picturale des cycles naturels et de la vie dans sa globalité. Les couleurs des saisons viennent animer le hall d’un vent de souvenirs : ceux d’un enfant courant dans les champs, au contact permanent d’une faune sauvage. Sur un fond noir se détache un bestiaire tout autre, pourtant lié aux volatiles d’acier : les hyènes d’Aliou Diack, se pavanent, de leur rire cynique et criard.

Dans les imaginaires collectifs, elles peuvent être chargées de valeurs négatives, portant en elles le mal, elles s’opposent et complètent la symbolique du vautour - des chasseurs de charognes, se nourrissant de la mort et de la tristesse. Mais les hyènes cacheraient aussi des facultés de divination, comme des allégories de la connaissance, du savoir et de la science.

C’est dans cette tension, à la fois maternelle et dangereuse, que le trio d’artistes inscrivent leurs réflexions. En convoquant des fantômes indomptables de formes animales, ils y insufflent secrètement des lueurs humaines.

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