SUr le chemin des réfugiés

HAKO HANKSON
17 MAI - 30 JUILLET 2022

OH GALLERY, DAKAR

EXPOSITIONS DAK’ART 2022

PRÉsentation

 

Hako Hankson est un plasticien camerounais qui, à travers sa pratique, retrace les histoires invisibles de son peuple. C’est en y mêlant mythologie et réalité, qu’il réussit à construire une nouvelle vision de l’africanité. Au cœur de cette exposition, intitulée Sur le chemin des réfugiés, se trouve le besoin viscéral et ancestral d’aborder, avec précision et délicatesse, un sujet universel symptomatique d’une crise mondiale traversée par de nombreux pays : l’immigration et les conflits armés qui s’exercent dans une violence frénétique depuis bien des années.

Au cœur des stratégies militaires et économiques, l’artiste se lance à corps perdu dans une course à l’humanité, à la mémoire et aux identités. Les regards et les signes se parent d’un voile de souvenirs. Les dessins, aux couleurs vives deviennent des formes édulcorées, qui invitent le spectateur à se plonger dans la représentation de scènes ténébreuses - à la fois habitées par des ombres et par le regard d’une humanité dépossédée. 

À la manière des peintures rupestres, Hako Hankson réécrit l’histoire – non pas celle des dieux, mais bien celle des Hommes et de la souffrance vécue, trop souvent oubliée, dans la ronde des grands conflits contés.

C’est d’abord à travers le prisme du Cameroun, que l’artiste part sur le chemin de ceux et celles qui ont fui. Le Cameroun et ses crises, tant humanitaires qu’économiques, reflètent un passé complexe. Les terres sont encore marquées par de nombreuses instabilités politiques, intérieures et des pays voisins. Villes arrachées, sols volés et terres d’accueil, Limbé, Yaoundé et Douala sont à la fois victimes et sauveuses, en ouvrant les bras aux réfugiés des pays frontaliers, pour leur offrir un temps de répit incertain. L’artiste durant sa vie, a d’ailleurs aidé des artistes réfugiés originaires du Congo, devenant le témoin d’une vie construite loin de leurs racines, à l’écoute d’un mal : celui du pays.

Les jeux de pouvoir se révèlent comme un secret qui s’échappe. Gaz, café, pétrole, minerais et bois : le Cameroun regorge de richesses à exploiter. Des biens qui deviennent une carte, une zone de combat pour en posséder les ressources, en déposséder les peuples. Hako Hankson recréer les conflits et les tensions des temps modernes, comme un plan de bataille symbolique qui en déjouerait les frontières et les contraintes.

« Les souvenirs sont parfois l’identité des étrangers. Mais le temps s’unit au souvenir. Il enfante des réfugiés que le passé abandonne et laisse sans souvenir.»

Le périple des peuples n’est jamais véritablement choisi, il est motivé par la misère, la faim, l’insécurité ambiante ou les catastrophes naturelles qui n’ont de cesse de s’amplifier au fil des ans. Le mouvement de départ, de quitter pour ne peut-être jamais retrouver n’est pourtant pas une action récente. Attestée dès la période Néolithique, les déplacements forcés se succèdent dans l’histoire, en passant par les périodes coloniales jusqu’à nos sociétés contemporaines.

La question est posée : Quelle place prend l’émigré en dehors des jeux de pouvoir ? L’humain en est-il encore visible ?

Les narrations personnelles ne s’arrêtent pas au passage d’une frontière. N’appartenir à aucune terre est devenu une norme face à la multitude de conflits armés, la culture y devient transportable et détachée d’un sol comme une blessure partagée. Les réfugiés - camerounais, congolais ou d’ailleurs - n’ont de cesse de prendre les routes de leurs origines. Le retour aux racines devient alors un pèlerinage, un moyen de renouer les liens entre rituels, coutumes et individus.

L’artiste fait le pari de mettre sur le même pied d’égalité enjeux économiques, stratégies militaires et départs des familles. Avec cette alliance affective, Hako Hankson invite les spectateurs à regarder nos destinations collectives futures – il ne s’agit plus de savoir qui nous sommes, mais bien de définir où nous souhaitons aller.

Aujourd’hui, de nombreux noms habitent nos lèvres : Yémen, Mali, Palestine, Congo, Syrie, Cameroun ou Sahara Occidental. Désormais, les yeux se lèvent vers l’Ukraine. L’attention se tourne vers la capitale de Kyiv et les bombes de Marioupol, laissant ce qu’il reste d’une ville, des ossements, à feu et à sang. Une guerre ayant des conséquences dramatiques pour l’Europe mais également pour l’Afrique. Hako Hankson, en faisant un lien poétique entre la situation ukrainienne et le passé du Cameroun, affirme son droit de regard sur ce qui se passe dans le monde - les nations africaines sont, au même titre que les autres, capables d’avancer pensées, opinions et identités. 

Les cités ne sont plus que poussière et les vies, les familles, partent en exil vers des terres d’asiles. Ces émigrés deviennent des « sociétés sans terre» portant leurs cultures, leurs langues, leurs histoires personnelles et collectives. Ils deviennent parfois apatrides, immigrés sur leur propre sol et inconnus des nations qui les ont vu naître.

L’appropriation est au cœur de l’exposition. Qu’il s’agisse du partage de ressources ou bien de la réaffirmation des passés individuels et collectifs, Hako Hankson appelle aux alliances affectives, à l’écoute d’un monde à la dérive.


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1- Mhamoud Darwich, La Terre est étroite et d’autres poèmes, Paris, Gallimard, 2000.
2- Expression de Jean-Paul Sartre dans les Carnets de la drôle de guerre, Paris, Gallimard, p.59.

 

Le dossier de presse (fr & EN)

BIBLIOGRAPHIE

les oeuvres de l’exposition

Code d’accès sur demande

hako hankson

Né en 1968 à Bafang au Cameroun, Hako Hankson vit et travaille aujourd’hui à Douala.

Artiste autodidacte, Hako, de son vrai nom Gaston Hako, était pourtant promis à un avenir tout autre. Cependant il choisit la peinture et les éléments qui ont forgé sa jeunesse. Titulaire d’un brevet de technicien en mécanique automobile, dès les classes de primaires, il ne peut s’empêcher de décorer ses salles de classes.

Hako a en effet grandi sous l’influence de l’art et des cultures des sources de son pays. Son père, premier notable de son village, était un des plus grands notables du Cameroun en plus d’être sculpteur et musicien au Palais Royal. Hako a donc été élevé entouré d’objets des rites d’initiation : masques, statuettes, totems etc. dont se servait son père. Autant d’éléments qu'on retrouve aujourd’hui dans ses œuvres (…)

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