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HORS LES MURS LE MUSÉE SOUS-MARIN ONLINE PROJECT ROOM REGARDE !


HOMMAGE AUX CHASSEURS DU MANDÉ

ABDOULAYE KONATÉ
02 NOVEMBRE 2024 - 18 JANVIER 2025

Avec la contribution de Dany Leriche et jean-michel  Fickinger

PROJECT ROOM
OH GALLERY, DAKAR

AVANT-PROPOS

Océane Harati
Fondatrice et directrice de OH GALLERY

Dans les années 1990, le Sénégal connaît une période de bouleversements sociopolitiques et culturels, marquée par des mouvements d'émancipation et de revendication identitaire. Ce contexte favorise l'émergence de nouvelles perspectives artistiques. C'est dans ce cadre que la Biennale de Dakar est créée, devenant une plateforme essentielle pour la scène artistique africaine et internationale. Les premières éditions de la Biennale mettent en lumière des artistes explorant des thématiques variées, allant de la mémoire collective à la critique sociale, tout en offrant un espace de dialogue.

Les lauréats du Grand Prix de la Biennale de Dakar dans les années 1992, 1996 et 1998 incarnent l'esprit de la « Troisième Voix ». En 1992, le premier Grand Prix est attribué à Moustapha Dime pour son œuvre Femme nue. En 1996, Abdoulaye Konaté est récompensé pour une œuvre marquante de la série Hommage aux chasseurs du Mandé. Enfin 1998, Viyé Diba reçoit le Grand Prix pour son installation Choses au mur

Ces artistes, issus d’horizons différents, partagent une volonté de remettre en question les récits dominants de l’époque, valorisant les spécificités culturelles africaines tout en intégrant des éléments symboliques et identitaires. À travers divers médiums—peinture, sculpture, installation et performance—ils expriment une vision critique et alternative aux récits dominants de l’art occidental en revalorisant la création artistique en Afrique et dans sa diaspora, tout en intégrant des perspectives décoloniales, identitaires et panafricanistes, consolidant ainsi la « Troisième Voix » comme un socle central de l’esthétique de la Biennale à cette période. 

Cette project room s’inscrit dans les recherches de la galerie sur le contexte historique et artistique des années 1990, avec un intérêt particulier pour le concept de la "Troisième Voix" défendu par Viyé Diba dont les travaux des années 90 et notamment la continuité du Grand Prix de 1998 ont été présentés en juin dernier à Art Basel à Bâle. En s'appuyant sur les archives, la galerie cherche à approfondir la compréhension de cette décennie marquée par des transformations sociopolitiques et culturelles majeures, influençant encore les pratiques artistiques contemporaines trente ans plus tard.

La série Hommage aux chasseurs du Mandé est composée de trois pièces bien connues :

  • celle du Musée de Bamako débuté en 1994 et achevée en 1996. Elle est la n°1 de la série et aura été agrandi à posteriori par l’artiste et fut présentée en 2022 à la Documenta 15. 

  • celle vainqueur du Grand Prix de la Biennale de Dakar de 1996. Cette oeuvre de 1994 est aujourd’hui au Musée des Civilisations Noires à Dakar (MCN). Elle est la n°2.

  • celle rentrée récemment au MOMA en 2023 datée de 1996.

Cependant, une 4e œuvre, débutée plus tardivement et restée jusqu’alors inachevée existe. Elle sera présentée en exclusivité à la galerie.

PRÉSENTATION

Donso, chasseur traditionnel
Fodé Moussa SIDIBE

« Etre Donso, c’est être un homme des Temps

Un homme de son temps. »

 

Le Donso ou chasseur traditionnel, personnage énigmatique et haut en couleur, focalise les attentions et suscite des interrogations depuis les temps les plus reculés. Avec une présence attestée dans les anciennes formations étatiques de l’Ouest-africain (Wagadou, Ghana, Soosso, Tékrour) dont il fut le fondateur, le Donso a toujours joué un rôle de premier plan dans tous les domaines de la vie socioculturelle, économique et politique du Manden. Historiquement, le Donso est le fondateur de villages (90% au Mali), de principautés, de royaumes et d’empires avec une participation remarquée aux deux guerres mondiales.

Les Donso ou chasseurs traditionnels du Manden sont regroupés dans une confrérie très hiérarchisée avec des règles strictes. Dirigée par un collège d’initiés, la confrérie est placée sous la responsabilité morale du plus anciennement initié. L’adhésion se fait par cooptation sans distinction de race, de religion, de provenance et d’ethnie. La spiritualité particulière des Donso est fondée sur le culte de deux grandes divinités tutélaires que sont Saanè et Kòntòròn, deux principes féminin et masculin. De nombreux rituels leur sont consacrés au Dankun, qu’ils soient individuels ou collectifs (adhésions, sacrifices et libations périodiques, sanctions, reconnaissances, etc.)

Depuis les temps immémoriaux jusqu’à nos jours, les Donso jouent certains rôles essentiels à la stabilité et au bon fonctionnement de la société. En tant que fondateurs des cités, ils veillent jalousement sur la protection des personnes et de leurs biens en faisant face aux bêtes sauvages et aux envahisseurs de tout acabit. Ils se chargent également de la santé physique et psychologique de la population grâce à leur connaissance des vertus thérapeutiques des plantes. Les Donso assurent les besoins en protéine animale de tout le monde avec la distribution des produits de leurs randonnées cynégétiques. Au plan culturel, la préservation des valeurs éthiques et spirituelles, les tenues vestimentaires, les chants et récits épiques, les contes, etc. qui n’ont pas changé depuis le 13ème siècle continuent d’alimenter le patrimoine des peuples du Manden. Au plan politique, la fondation de plusieurs royaumes et celle des empires du Ghana (Wagadou), du Mali et du Songhoï sont à l’actif des Donso, chasseurs et guerriers. Il faut ajouter à cela la proclamation, en 1222, du « Serment des Donso », devenu « Charte du Manden » qui a institué l’abolition de l’esclavage, la reconnaissance des droits humains et a présidé à la naissance du fabuleux Empire du Mali avec Soundjata Kéïta. Plus proche de nous, on ne peut oublier la participation massive des Donso aux deux guerres mondiales ainsi que leur engagement dans les guerres de résistance à la pénétration coloniale et à l’occupation du centre du Mali par les Djihadistes et les terroristes. Malgré les soubresauts et les vicissitudes de l’histoire de l’Ouest-africain, la présence, la culture et les influences des Donso demeurent plus que jamais vivaces.


Fodé Moussa SIDIBE
Septembre 2024

évènements

events


C O N V E R S A T I O N

- R E N C O N T R E -

Rencontre avec Abdoulaye Konaté et Viyé Diba
Le mercredi 06 novembre à 16h.

Modération Pr. El Hadj Malick Ndiaye


Captation vidéo de la rencontre disponible ultérieurement.

O H L I B R A R Y

- L A B I B L I O T H È Q U E -

La rencontre avec La Bibliothèque, autour de la project room de Abdoulaye Konaté, aura lieu
le samedi 18 janvier 2025 de 15h à 18h.

Informations et inscription

l’Œuvre

ÊTRE DONSO !

 

Donso des temps anciens
Donso des temps jadis

Héros civilisateur
Guerrier itinérant
Fondateur de cités, de royaumes et d’empires

 

Mâle éminent, téméraire et bon
Homme des espaces incultes
Docte des choses cachées et sacrées

 

Etre Donso en ces temps d’aujourd’hui
En ces temps de déperdition où tout s’effrite et tombe
Où le gibier ne court plus la brousse désolée
Où la terre se languit de l’homme
Où les cieux sont avares en eaux
Et prodigues en souffles ravageurs

 

Etre Donso, c’est s’accrocher à un idéal
Devenir frères des Donso du monde entier
Croire en la vie
Avoir une vision autre des choses et des êtres

 

Etre Donso, c’est adhérer à une idéologie
C’est choisir une voie, un sentier
Peiner pour son accomplissement
Renforcer ses principes spirituels
Verser l’eau pour rafraîchir l’âme des ancêtres

 

Etre Donso, c’est engager la quête permanente du savoir
Oublier ce que l’on est et devenir le frère de l’homme
Donner le meilleur de soi à sa communauté

 

Etre Donso, c’est protéger le faible contre l’arbitraire
Défendre la justice, les règles sociales, la vie
Pourvoir aux besoins des nécessiteux
Assister l’orphelin et aider la veuve éplorée

 

Etre Donso, c’est endurer les peines et les souffrances
S’engager dans la brousse orpheline et inhospitalière
Endurer les piqûres d’insectes, le froid et le soleil
Affronter la bête dans un combat singulier
Endurer la faim et la soif
Pour satisfaire l’autre faim, l’autre soif

 

Etre Donso, c’est aimer
Se dévouer pour les causes justes
C’est opter pour l’éclatement de la vérité en tout lieu

 

Etre Donso, c’est être humble
Discipliné, pondéré et affable
C’est protéger sa patrie, sa famille
C’est maîtriser ses inclinations naturelles, ses pulsions continuelles

 

Etre Donso, c’est être un homme des Temps
Un homme de son temps.


Fodé Moussa SIDIBE
Septembre 2024

PUBLICATION


DONSO, les chasseurs de l’invisible

Dany Leriche et Jean Michel Fickinger
Éditions Trans photographic press

35,00 €

[pré-commande]

À PROPOS


ABDOULAYE KONATÉ

Né en 1953 à Diré, au Mali, Abdoulaye Konaté est un artiste visuel de renom qui vit et travaille à Bamako. Il utilise le textile comme médium principal pour aborder des questions politiques, environnementales et sociales qui touchent à l’humanité. Ses œuvres mêlent symbolisme, tradition et modernité pour traiter de sujets comme la guerre, l’identité culturelle, la justice sociale et les croyances spirituelles.

Konaté a débuté sa formation artistique à l’Institut National des Arts de Bamako, puis a poursuivi ses études à l’Institut Supérieur des Arts Plastiques de La Havane, à Cuba. À son retour au Mali, il occupe plusieurs postes importants : chef de la Division des Expositions au Musée National du Mali (1985-1997), directeur du Palais de la Culture de Bamako et des Rencontres Photographiques de Bamako (1998-2002), puis directeur du Conservatoire des Arts et Métiers Multimédia "Balla Fasseké Kouyaté" à Bamako. En 1996, il remporte le Grand Prix de la Biennale de Dakar, un tournant marquant qui confirme son influence sur la scène internationale. Ses œuvres figurent dans des collections muséales prestigieuses telles que : Centre Pompidou (Paris, France), Musée d'Art Contemporain de Tokyo (Tokyo, Japon), Smithsonian National Museum of African Art (Washington, D.C., États-Unis), Tate Modern (Londres, Royaume-Uni), le MOMA et le Metropolitan Museum of Art(New York, USA).

Konaté a également exposé dans des événements majeurs comme la Biennale de Venise et la Documenta de Kassel, soulignant son statut d’artiste visionnaire et son engagement envers les questions géopolitiques et culturelles de l'Afrique et du monde.

DANY LERICHE ET JEAN-MICHEL FICKINGER

Dany Leriche et Jean Michel Fickinger vivent et travaillent en France. Ils forment un couple d'artistes. Dany Leriche enseigne à l'Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne depuis 1995. Elle anime des ateliers de pratique artistique à Bamako au Mali et à Ryadh en Arabie Saoudite. Jean-Michel Fickinger enseigne la photographie à l'Ecole Nationale Supérieure d'Art de Nancy. Il mène également des workshops au CAMM de Bamako.

Leur recherche artistique porte sur les minorités spirituelles qui résistent à l’uniformisation culturelle globale. Ce projet s’inscrit dans la continuité des recherches de Claude Lévi-Strauss, quand il pointait l’embarras et le tiraillement qu’ont ces minorités à trouver un juste équilibre entre l’oubli et la disparition ou l’absorption par la mondialisation. Ils exposent tant en galeries, en musées que dans des centres d’art en France et à l’international (Angleterre, Allemagne, Belgique, Brésil, Cameroun, Canada, Colombie Britannique, Corée, Danemark, Espagne, Etats-Unis, Mali, Maroc, Pays-Bas, Togo, Hongrie, Suisse, Suriname…). Ils ont obtenu la « Villa Médicis Hors les Murs » en 2006 pour le Mali.

Inspirés par le livre de Roger Bastide sur les rites de possession et les transes, ils ont voyagé au Brésil. Ils ont été sélectionnés pour l'année de la France à l'Institut Sacatar en 2009 et sont retournés à Salvador de Bahia en 2014. Ils ont reçu la Mention spéciale du jury, Prix Scam Roger Pic en 2011 pour les « Chasseurs de l’invisible ». Deux autres résidences au Togo-Bénin 2011-2013 qui ont fait l’objet d’un livre : Divinités Noires. Ce travail photographique a été montré lors du Festival Foto DC à Washington, à St Laurent du Maroni, à St Goerges et à Kourou en Guyane française, ainsi qu’au Togo.

Ils prennent part au Moengo Festival d’art contemporain au Suriname en 2015, et sont à l’Université de Liaoning, à Shenyang en Chine en 2017. Ils ont publié : « Les Korèdugaw », derniers bouffons sacrés du Mali en 2010, « Sogobo, le peuple des marionnettes » en 2023, « Donso, chasseurs de l’invisible » en 2024 chez Trans Photographic Press. Ils viennent de participer aux Rencontres de Bamako en 2022 et en 2023 à l’exposition « Corps Rituels » au Musée du Carnaval et du Masque de Binche en Belgique.

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