Résidence de recherche, Patrick-JOël Tatcheda yonkeu, Marrakech
Dans le cadre de l’inauguration de l’atelier-résidence de Amina Benbouchta à Marrakech, au Maroc, la galerie est heureuse de collaborer et d’accompagner l’artiste dans ce projet en ouvrant les résidences avec Patrick-Joël Tatcheda Yonkeu qui a passé 4 semaines sur place à développer ses recherche autour des symboles Bamileke et berbères.
Dans la cosmogonie Medumba, depuis toujours les objets du quotidien participent de la vie active des communautés à laquelle ils appartiennent du moment où ils ont une nomenclature dans les différentes langues de ces peuples et acquièrent une fonction bien définie.
Les objets dans certains contextes sont accrochés ou suspendus (masques d’éléphants, masques Kougang, peaux d’animaux etc), selon des codes bien précis propres à ces peuples ou posés sur des supports particuliers (jarre à vin sur un tabouret royal, cloches, calebasses, vases rituels etc), très souvent ce sont des objets qui officient dans des rituels propres à ces communautés.
Dans le corpus d’objets et d’œuvres qui ont été présentés par l’artiste Tatcheda Yonkeu Patrick -Joël lors de la restitution de sa résidence à Marrakech dont : des tampons(série Organic Rituals) et des estampes (Serie Organic Ways).
Les estampes sont obtenues grâce à la pression des tampons imbibés de peinture bleue indigo sur du papier Canson en plusieurs exemplaires à numération limitée conférant aux tampons le statut d’objets rituels puisqu’il s’agit bien d’un rituel qui a été préparé depuis l’instant où les motifs ont étés soigneusement choisis et ont fait l’objet d’une gravure sur le bois qui ici se substitue à la peau d’un individu (scarifications qui ont une fonction protectrice chez de nombreux peuples d’Afrique subsaharienne) conférant ainsi à ces objets rituels au fil du temps si et seulement si ils établiront une relation affective avec leur propriétaire la fonction de « Fétiches ».
Cette recherche inaugure un nouveau cycle dans la recherche de l’artiste camerounais qui interroge la cosmogonie de ses ancêtres à travers ses nombreux symboles, entre réactualisation du sacré et détournements conceptuels, Patrick-Joël sacralise le banal en faisant une opération de sustentation ; une baignoire rouillée après avoir reçu des symboles magiques Bamileke pourrait devenir un sarcophage, ou la barque d’Osiris le passeur, sachant au préalable quelle fonction occupait la baignoire et quel destin lui était réservé après sa mort par son action cette dernière accède à une seconde vie, une vie, celle du sacré traduisant ainsi le phénomène de réincarnation pérennisé chez les Bamileke par le culte des ancêtres.
Un tapis qui sera marqué des symboles précédemment énoncés plus haut une fois accroché ou suspendu devient automatiquement une tunique ou un linceul sacré que l’on retrouve généralement dans les cérémonies importantes marquant la vie des communautés Medumba et Bamileke dans l’Ouest du Cameroun ( cérémonie d’intronisation du nouveau roi ou funérailles d’un haut dignitaire Bamileke, ou place d’exécution d’une danse initiatique pratiquée par une société secrète ( Kougang) dans une société globale où on assiste religieusement à la banalisation du sacré au profit de la superficialité et de la dépravation des mœurs dans une sorte de dérive consumériste, l’artiste propose avec cette recherche la sacralisation du désormais banal pour suggérer le retour aux valeurs ancestrales.
A PROPOS
patrick-joël tatcheda yonkeu
Patrick Joël est né en 1985 à Douala au Cameroun. Après une formation scientifique au collège St Jean Baptiste de Bangangté, et un bref séjour à l'université de Dschang (maths/informatique) et de Yaoundé I (Arts plastiques), il décide finalement de se consacrer à l’art. Patrick Joël part en Italie où il étudiera la peinture et obtiendra par la suite une bourse d’étude au sein de l’Académie des Beaux Arts de Bologne. Il y obtiendra une licence en peinture en 2013 et successivement en 2016 un Master en Arts visuels sur le thème, "le Zen dans l'art".Après son parcours académique, il s'installe à Bologne. Chercheur acharné, il poursuit son parcours à travers de nombreuses collaborations entre l’Afrique et l’Italie et par la création d’ateliers de peinture interculturels avec les écoles et le milieu associatif de la région Emilia-Romagna.