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MÉNÉ PAR SYLVAIN SANKALÉ


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Nous lui avons connu des supports divers, papier, toile, bâches en plastique sur lesquelles des peintres en bâtiment avaient laissé leurs coulures au gré du hasard. Tout lui est bon pour ensuite, par la magie de la couleur, réinterpréter les choses et leur donner la tournure qu’il a souhaitée.

Sous l’apparent désordre de ses œuvres, on peut trouver non seulement une excellente maîtrise technique, mais également un travail de composition qui est d’autant plus remarquable que ses peintures semblent livrées au hasard. L’équilibre des masses n’a véritablement rien d’aléatoire, tout comme le chromatisme de la palette qui obéit à une harmonie qui, sans être classique, est absolument indéniable. L’artiste réussit la prouesse d’ordonner son apparent désordre et ce n’est pas le moindre de ses mérites. Et les œuvres ici exposées, sont d’assez grande dimension pour asseoir leur présence face au spectateur.

Même s’il y en a quelques-uns de profil, la plupart des personnages sont saisis de face. Car toutes ses œuvres sont habitées de personnages humanoïdes, qu’on dirait souvent descendus de quelque soucoupe volante, et qui pourtant semblent tellement appartenir au même monde que nous. Car c’est de l’humaine condition qu’il est ici question, de l’homme, son royaume, ses commensaux et son environnement immédiat.


Il est impossible de rien contextualiser; tout semble à la fois étrange et familier et l’on se prend à avoir envie d’entrer dans la danse ou de se laisser entraîner vers on ne sait quelle nouvelle dimension. Passé, présent, futur, semblent s’entremêler pour nous mener dans  un espace de temps et de lieu qui nous est inconnu et pourtant dans lequel on se sent chez soi, comme ces réminiscences d’un autre âge et d’une autre époque, d’une forme de vie antérieure, qui reviennent à la surface de notre conscience, sans rime, ni raison.

Les titres de ces tableaux sont très évocateurs et confortent notre sensation de bien-être et de reconnaissance. Ainsi en va-t-il de cette Terre des hommes, que l’artiste dans sa béatitude nous dit Terre d’amour, ou de ces lieux qui ne seront jamais sombres, ces espaces de liberté où se reflète l’artiste, tout nous indique un optimisme fondamental qui, pour n’être pas démonstratif, n’en est pas moins sensible et aisément perceptible. Il y a au moins, par exception, une vision d’un autre monde, dont les hôtes semblent plus oiseaux ou poissons qu’humains, ce monde n’est pas angoissant, il est juste différent, autre et cela ne semble pas affecter plus l’artiste, qui ne nous suggère rien, nous laissant tirer en nous-mêmes nos propres conclusions. Bleus ou pastels  s’invitent à notre regard et nous proposent encore d’autres approches de ces espaces dont seul l’artiste possède la clé.

Monde rêvé (DREAM WORLD) comme l’artiste a entendu intituler cet ensemble que l’on voit très cohérent malgré ses apparentes dissemblances. Monde qu’il a vu en rêve et s’est hâté de re-transposer sur la toile, ou bien monde dont il rêve, mais n’a jamais vu?

Nul ne saura jamais si c’est une vision du passé ou une vision du futur qu’il offre ainsi à notre convoitise et aux élucubrations de nos âmes. L’univers coloré d’Ange Méné nous transporte et nous donne tant de plaisir, tant de prétextes à de douces rêveries que l’on est prêts à le suivre, sans trop songer aux conséquences, car nous savons sa bienveillance en tant qu’homme et en tant qu’artiste.

Dans cette état de suspension de la conscience active où il nous engloutit, traverser son univers nous apporte joie, force et beauté et, quelque part, nous aide à oublier le monde réel qui nous entoure et qui ne nous rend que trop rarement heureux. Hâtons-nous de nous embraquer dans cette douce féérie, comme une barque sur l’océan limpide et tranquille et faisons confiance au rameur, il connait les écueils, il connait les courants, il connaît le chemin, il est initié.

Sylvain Sankalé

Texte écrit dans le cadre de l’exposition Deam work
présentée à 2019 à la galerie Out of Africa

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